Exceptionnel. Magnifique. Grandiose. En 5 minutes, le temps de longer les bords du lac Kluane, le plus grand du Yukon, nous sommes déjà en train de survoler l’énorme glacier.
Nous embarquons dans notre avion. Il a des ailes hautes sans attache latérale. La vue est donc pleine et entière.
Et QUEL VOL !!!
Un autre élément intéressant est que nous avons des «headsets» qui nous permettent d’entendre les commentaires du pilote qui joue ainsi le rôle de guide.
En attendant nos premiers pas en Alaska, voici nos premiers bivouac du Grand Nord ;-) !!!
Nous reprenons la route, portés par cette extraordinaire expérience, et pour les filles une première que ce vol en petit avion ! Nous allons quitter le Yukon, qui nous offre en guise d'au-revoir de beaux paysages, une rencontre en bord de route et un super bivouac ! Et le lendemain nous passons la douane pour notre visite de l’Alaska.
Les photos en disent plus
que les mots !!!
A l’horizon se dessine le Mount Vancouver et surtout le fameux et respectable Mount Logan. Flirtant avec les 6000 mètres, il en impose. Voilà, nous approchons de notre «piste» d’atterrissage. Tom, notre sympathique et passionné pilote, abaisse les skis et nous voilà en approche finale. Un dernier virage et hop on descend. L’horizon bleu se transforme en blanc au fur et à mesure qu’on descend. Du coup, la perspective de distance entre nous et le sol est bien plus difficile à estimer. Mais il maîtrise (tant mieux) et c’est un atterrissage tout en douceur. Puis on sort et on passera 35 minutes à s’extasier…
Il s’agit en l’occurrence du glacier Kaskawalsh, le plus grand glacier au monde hors région polaire. Il est énorme. Il est comme doublé, et nous avons tous les 3 la même réaction, il nous fait penser au glacier d’Aletsch mais en mode jumeaux et boosté aux hormones. En effet, il se dessine tel un doublon. Quel pied. Puis les montagnes… ouahhh Il y en a pléthore et un point intéressant, nombre d’entres elles n’ont même pas de nom. Elles font partie d’une chaîne et c’est tout. Il faut dire qu’ici, la superficie et le faible nombre d’habitants rendent les excursions plus insolites. Donc tout reste sauvage, même l’appellation de ces montagnes.
Perdue au milieu de nul part, à côté du Lac Kluane, une petite piste en terre battue et cette société qui propose des vols en dessus du parc, de ses montagnes et glaciers.
Nous n’avions pas spécifiquement prévu de faire un vol sur les montagnes. Mais la constellation de la météo, de la proximité du site et de cette société dont l’avantage est qu’elle a une autorisation pour des atterrissages sur le glacier, ont raison de nos hésitations.
Le lendemain, nous roulons sur l’Alaska Highway. Cette route remonte sur Fairbanks.
La journée est simplement magnifique. Le soleil brille et le moins que nous puissions dire est que le panorama est parfait.
Nous longeons le parc national de Kluane. Cet immense parc de 23'000 km2 est accolé à son voisin situé en Alaska. Le Mount Logan, le plus haut sommet du Canada, second en Amérique du nord, 5959 m, y a domicile.
C’est alors que je vois le panneau. Icefield Discovery. Le conseil de cette ex-habitante de la Vallée de Joux.
Whitehorse est la capitale du Yukon. Elle regroupe l’essentiel de la population de la Province. Env. 29'000 personnes des 38'200 habitants du Yukon y vivent.
Ajouter la taille de cette Province, 480'000 km2 (soit près de 12x la Suisse) et vous imaginez votre espace de jeu.
Etant donné que nous repasserons par la capitale lors de notre descente du Nord, nous décidons de n’y faire aucune visite ce jour, mais plutôt de profiter du Visitor Center pour bien s’informer.
Une information en conduisant à une autre, une vaudoise du Brassus installée depuis plus de 20 ans dans la région nous recommande… patience ;-).
Non loin de là, notre route croise un superbe lac; notre premier Lac Emeraude !
Le lendemain, nous prenons la route en direction de Whitehorse. En route nous nous arrêtons à Carcross. Ce petit village a une particularité, il s’y trouve le plus petit désert au monde, 260 hectares de sable qui recouvraient il y a bien longtemps le fond d’un lac de la période glaciaire. Et oui, des dunes de sables pour le moins surprenantes, puisque «habitées» par des sapins et un environnement bien loin des idées qu’on se fait d’un désert
Carcross et son désert leplus petit au monde
On profite donc tout simplement de notre fin de journée, plus de route aujourd’hui.
Il y a quelques minibus qui font un arrêt avec des touristes. Evidemment, ils ne s’y trompent pas, l’endroit est trop beau. On se rend d’autant plus compte de la chance que nous avons de pouvoir y rester et d’en faire notre bivouac.
Et pour en profiter, nous nous trouvons un magnifique bivouac juste au bord d’un lac.
C’est pas beau ça ?
Le nord a définitivement commencé !
Plus loin, nous nous arrêtons pour observer un ours qui se régale des bourgeons d’un arbuste.
Nous l’atteignons rapidement en franchissant le col et profitons de magnifiques vues. Vraiment magnifiques et immenses. Pour une fois, il n’y a pas de «pollution»… ni sonore, ni construction ou autres pylône…
Un des charmes de la ville est qu’elle est primairement reliée au reste du territoire du Yukon par le chemin de fer. Celui-ci, appelé du même nom que le col, le White Pass, fut construit en 1898 pendant le Klondike Gold Rush. Klondike est du reste le nom de la route que nous prenons pour quitter la ville. Cette route file au nord, jusqu’à Dawson que nous devrions rejoindre d’ici env. 5 semaines.
Si Skagway, du reste comme Haines, est relié à une route, ces 2 villes de l’Alaska ne sont pas rattachées à leur Etat, mais au voisin le Canada, plus particulièrement la Province du Yukon. En fait, en ce qui concerne Skagway, lorsqu’on passe la frontière, on entre en Colombie Britannique, mais cette province n’ayant pas de ville ici au nord, on parle plus volontiers du Yukon qui se situe à une vingtaine de km.
Cette ville, comme de nombreuses autres ici au nord, est née de la ruée vers l’or. Son pic fut atteint en 1897-1898, puisqu’on recensait en juillet (1897) 10'000 habitants. Il n’en reste guère que 900 aujourd’hui. Du coup, lorsque 2500 «croisiéristes» débarquent, toutes les boutiques se frottent les mains.
Le temps de sortir et faire un saut rapide avant la fermeture du Visitor Center. Nous collectons nombre d’infos pour notre parcours. Nous avons donc tous de la lecture ce soir.
La petite ville de Skagway, appelée aussi la «Garden City of Alaska» est aujourd’hui très touristique. Il n’y a qu’à voir le nombre de bateaux de croisière qui y font une halte.
Nous y faisons le «walking tour» qui présente les principaux bâtiments historiques de la ville. Anciens hôtels, bars, bordels ou autres magasins. A l’instar des autres villes de la ruée vers l’or, tout allait vite. Vite en haut, vite en bas.
… Skagway. Nous y arrivons «on time» sous une fine pluie.
... notre destination finale, …
D’ex grands voyageurs. Suffisamment rare aux USA pour le mentionner. Et quand je dis grand, c’est une réalité, puisqu’ils auront voyagé 6 ans avec leurs 3 enfants.
Ils nous invitent chez eux. Ils se trouvent un peu au nord de Anchorage. C’est avec grand plaisir que nous acceptons leur invitation et nous arrêterons lors de notre passage.
Nous atteignons Haines, dont nous ferons l’impasse pour question de timing, nous restons donc sur le ferry pour...
C’est lors de notre petit déjeuner que nous rencontrons Randy et John. Le courant passe tout de suite.
Au réveil, nous nous trouvons à Juneau. La capitale de l’Alaska. Sa particularité : la seule capitale qu’on ne peut rejoindre qu’en bateau ou avion. Aucune route ne la relie au reste du monde.
De Petersburg à Haines, via Juneau
Nous profitons du ballet d’aller et sortie des véhicules. Certains ont vraiment des camping-cars gigantesques. De les voir sortir d’en haut, on a l’impression qu’ils ne s’arrêtent jamais ;-)
Il est proche de minuit. Et on remarque qu’on est désormais bien au nord. La lumière est encore très présente.
... puis enchaînons avec 3 heures pour atteindre Petersburg.
Nous arrivons désormais à Wrangell. 6 h de navigation. Nous faisons un saut hors du bateau...
Et il file désormais vers Wrangell. La fameuse petite île de notre policier avec qui nous bavardons.
Les paysages sont splendides. Nous remontons la côte vers le nord. Ils appellent cette partie «Inside Passage». La passe intérieure. En fait, on vogue au gré des ouvertures et entre les îles. Les montagnes, les récifs et autres découpes ou glaciers nous offrent des perspectives palpitantes.
Notre ferry est le MV Matanuska. Env 120 m en longueur pour une largeur de 22 mètres. Il file à 16,5 nœuds.
Une courte mais agréable nuit. Au réveil, le ferry a déjà parcouru les 6 heures qui nous séparent de Ketchikan.
Le départ du bateau est prévu à 03h00 du mat et… il part à l’heure. A peine sur le bateau, nous prenons possession de notre cabine et hop… au lit.
Aujourd’hui, la météo est plus grise, mais les paysages sont toujours autant grandioses.
A un moment, le défilé est si serré, que nous avons l’impression de faire un slalom. Quel délice.
Du moment que l’on rejoint Jasper et donc les Rocheuses, un tout autre environnement s’offre à nous. La montagne prend le relais avec, il faut bien l’avouer, des paysages d’une autre dimension. Et ce ne sont pas seulement les paysages qui changent et nous subjuguent. Car nous ne verrons pas moins de 6 ours en bord de route. Hmmmmm de bonne augure pour la suite.
En parlant de paysage, disons que nous aurons commencé par du plat, allez légèrement à très légèrement vallonné. Jusqu’à Chicago.
Puis on conduit sur 2500 km de plat pays comme disait Jacques Brel, sauf que là, c’est pas la taille de la Belgique. Plus on monte vers le Nord, plus c’est plat. Tout particulièrement le Dakota du Nord, le Saskatchewan et l’Alberta, du moins dans sa partie Est.
De Cleveland à Prince Rupert
Donc, il s’agit de «rattraper» où l’on peut. Alors on va faire une sorte de grande diagonale dans un axe Nord Ouest. Notre route passe par l’Ohio, l’Indiana, l’Illinois via Chicago, puis le Wisconsin et on remonte en direction de Minneapolis-St-Paul dans le Minnesota, c’est du reste là que nous croisons la route que nous descendions lors de notre première entrée aux USA début septembre 2016. Puis on file vers Fargo (tiens ça me rappelle un très bon film des frères Cohen, film du même nom), à la frontière du North Dakota, puis toujours dans le même axe, on passe la petite douane de North Portal pour entrer au Canada, respectivement dans la Province du Saskatchewan. On la traverse également dans sa diagonale pour entrer en Alberta et rejoindre Edmonton, avant de poursuivre plein pot sur l’Ouest via les Rocheuses. Jasper et son fameux parc que nous visiterons à notre descente du Nord, puis l’entrée en British Columbia. Ces rocheuses qui vont défiler sur nos derniers 1000 km.
Et nous avons un avantage à noter, nous ne passerons pas moins de 3 fuseaux horaires. Donc 3 jours à… 25 heures. Tout ceci nous permettra de faire aisément des nuits de 8 heures de sommeil.
De plus, Cécile avait préparé tous nos repas en avance. Congelés, nous n’avions qu’à les sortir à temps et les réchauffer. Ceci nous a offert un peu de temps pour nous prélasser et nous dégourdir les jambes aux étapes ;-)
Bon ok… c’est vrai que ça peut paraître un peu space… Autant de km sur aussi peu de jours… alors qu’on a du temps. Hé bien non. Le 4 août approche à grands pas. Et ces 4 semaines «perdues» (lente réparation du CC, et administration assurance complexe) vont nous manquer quant à notre périple et aux nombreuses idées que nous avons.
... puis finalement 714 km pour le dernier.
Retour au 4ème jour et ses 987 km,
930 le suivant, passage de douane. C’est du reste au terme de ce troisième jour que nous rencontrons Richard et Millissa. Ils nous invitent pour un verre dans leur CC. Immense. Il doit faire 12 mètres. 4 slides. Autant dire que ce ne sont pas moins de 40 m2 à disposition… Frigo américain, lave-linge et sèche-linge, 4 écrans plat dont un donnant sur l’extérieur… Bon ils y passent 6-7 mois/an et y travaillent.
Nous faisons une agréable découverte et dégustation d’alcool du Tennessee. Un très sympathique moment.
Du coup, 882 km pour le premier jour, longue journée vu le départ à 13h00...
Nous atteignons finalement Prince Rupert vers les 18h00.
Cela nous laisse pleinement le temps de manger tranquillement. Puis de faire les formalités.
Le temps aussi de faire quelques rencontres. Notamment cet ex-policier. 30 ans au service de La Nouvelle Orléans… Evidemment il a vécu son expérience dans la Louisiane différemment de la nôtre. Du reste, lorsqu’on lui dit que nous avons passé Nouvel-an là-bas, il nous dit, désolé pour vous. Mais il a définitivement tourné le dos à la criminalité pour venir rejoindre sa compagne transférée sur une petite île de l’Alaska. Ou encore cette charmante quadra nous vantant les charmes de Fairbanks, sa ville et son Etat.
Nous quittons Cleveland ce jeudi 25 mai sous la pluie.
Célia a ses derniers examens ce matin même. Elle les termine à 12h20. Nous l’attendons à sa sortie. Un petit lunch dans la Tanière et nous prenons la route à 13h00. Ce sont donc désormais 4669 km qui nous attendent d’ici lundi soir et le ferry que nous avons réservé pour la montée sur Skagway en Alaska. Vu le timing serré, nous nous sommes bien préparés. Nous passerons nos nuits sur des parkings Walmart. Toujours à proximité des sorties d’autoroute.
Notre vol de retour est fait de très jolies courbes pour nous assurer les meilleures vues et photos.
C’était du tonnerre !
On a adorrrrré.
The Inside Passage : La remontée du Pacifique Nord aux neiges éternelles de Kluane N.P.
L'essentiel n'est pas d'ajouter des années à sa vie, mais de la vie à ses années